Deepin Desktop Environment

Ca fait maintenant un petit moment que je me suis tourné vers un nouvel environnement de travail sous Linux appelé Deepin Desktop Environment. Ce petit bijou esthétique est l’émanation d’une distribution Chinoise appelée tout simplement ‘Deepin’ basée sur Debian. Pour autant, Deepin en tant qu’environnement est disponible sur plusieurs plateformes, dont Manjaro, que j’utilise. La sortie de la version 15.8 est l’occasion pour moi de faire la point sur ce que Deepin a à proposer. C’est beau, certes, mais est-ce que le ramage vaut le plumage ?

Chantons.

A la recherche du D.E. ultime

J’ai commencé ma vie de geek sur un PC. Sous DR-DOS, puis Windows 3.1 assez rapidement. Assez vite, des amis m’on présenté le Mac, sous System 7 ou 8, à l’époque. J’ai tout de suite été enthousiasmé par la simplicité et l’ergonomie du Mac, par l’idée même que ce qui est esthétique et convivial permet d’etre plus créatif et productif. J’ai continué à utiliser le PC, sous Window, sous Mandrake Linux (KDE3 et son look marble… épique) ou les premières distributions Ubuntu (j’ai encore les CDs, je crois). Je ne suis venu au Mac que quand je pouvais me le permettre, c’est à dire bien plus tard, et je dois reconnaitre que si on laisse une partie de son bras et de son âme à Apple leur achetant du matériel, on y gagne vraiment en plaisir d’utilisation. Et le plaisir c’est important.

Un beau jour, j’en ai eu marre de donner mon sang à Apple et j’ai acheté un PC. La première chose que j’ai alors fait, c’est d’installer linux. Ubuntu, même. C’était il y a 4 ans. J’ai commencé à naviguer entre KDE Plasma, Gnome 3 et Budgie, trois environements de bureau très sympas et aboutis (surtout les deux premiers). Ce que j’en ai tiré comme conclusion ? Tant que Plasma et Gnome domineront le marché, Linux ne sera pas facile d’accès pour les utilisateurs lambda. Quelques points pour faire mon bilan:

KDE Plasma

  • Extrêmement fonctionnel
  • Extrêmement flexible
  • Extrêmement léger

Mais

  • Plutôt laid (avis perso, je sais, mais je trouve le thème Breeze maladroit et la version sombre inutilisable)
  • Fastidieux à configurer : quand vous rentrez dans les préférences, n’oubliez pas une lampe torche et une gourde.

Gnome 3

  • Simple d’utilisation
  • Facilite la productivité (le système des activités est bien pensé)

Mais

  • Plutôt lourd
  • Assez moche (c’est quoi ces icônes de 1999 ?), donc…
  • Quasi-obligé d’utiliser des extensions pour que ce soit convivial
  • Du coup, on a les préférences de Gnome ET Gnome Tweak Tool pour configurer. Usine à gaz.

Budgie

  • Frais, sympa, fun, l’environnement auquel on a envie de donner une chance
  • La barre latérale est une bonne idée

Mais

  • Pas abouti à l’heure actuelle sur le plan du design - à mon goût en tous cas
  • Et toujours un peu compliqué à configurer

Les autres (Cinnamon, Mate, Xfce et tout le tralala)

  • Moches

Et c’est tout. Cherchez pas, j’ai raison.

Au final, je me suis mis à utiliser Gnome pour ses avantages en utilisant le combo Arc Darker / Papirus / Dash to Dock + extensions diverses

La révélution

Je suis alors tombé sur un article parlant de Deepin. Deux vidéos Youtube plus tard, je téléchargeais la distribution, et je l’installais sur mon PC. Depuis, je n’ai pas regardé en arrière.

La seule chose que j’ai changé depuis mon passage à Deepin, c’est la distribution - Manjaro - parce que je voulais quitter le monde Debian (Deepin Linux est basé sur une Debian) et ses PPAs ingérables à chaque mise à jour du système, et que le monde des distributions Arch me tentait.

Les raisons qui m’ont définitivement acquis à la cause de Deepin ? Facile, il suffit de reprendre tous les points positifs des 3 concurrents et de les compiler :

  • Extrêmement fonctionnel
  • Extrêmement flexible
  • Extrêmement léger
  • Simple d’utilisation
  • Facilite la productivité
  • Frais, sympa, fun, l’environnement auquel on a envie de donner une chance
  • La barre latérale est une bonne idée

C’est vraiment l’impression que donne cet environnement : il fait la synthèse des avantages des trois autres, en y ajoutant les bonnes idées de Windows 10 et d’OSX.

Prenons le dock, par exemple : Deepin est livré avec un lanceur d’applications de type dock. Vous n’aimez pas le dock ? Vous voulez une jolie barre des tâches à la Windows ? Clic droit sur le dock - mode étendu… Bam ! Une jolie barre des tâches à la Windows.

Vous n’aimez pas le look des fenêtres ? Dans les préférences, vous pouvez changer le thème GTK. Idem pour les icônes. Pas de “Deepin Tweak Tools”, pas de “Sous-sous-sous-sous-sous menus”… Une approche “NO BULLSHIT” en fait.

A la liste des avantages de Deepin, j’aimerais ajouter quelquechose : Deepin est vraiment beau, tout en subtilité, en transparences, avec un look cohérent et unifié, qu’on utilise des applis GTK ou QT, avec un thème sombre véritablement utilisable, avec des fonds d’écrans à tomber, avec un éran de connexion épuré et léger… C’est à se demander pourquoi tout le monde ne l’utilise pas (je déconne, là, hein).

Deepin dispose d’une rimbambelle d’applis “maison” qui sont parfairement intégrées à l’environnement : vidéos, dessin, musique, photos, calculatrice, terminal, moniteur système, éditeur de texte, capture d’écran, pipette… à chaque fois, c’est beau, simple et convivial. Certaines applis sont assez basiques (je pense à l’éditeur de texte ou de dessin), mais ce ne sont que les premières versions. Des applis plus abouties comme le terminal permettent de disposer de fonctions plus puissantes si nécessaire (onglets, split-screen, mode quake…). Le navigateur de fichier est lui aussi très abouti.

Mon bureau Manjaro Deepin aujourd'hui

Les Défauts

Alors quoi. Pas de défauts ? Heureusement, si. En cherchant bien.

Les préférences sont faciles d’accès, mais empilées sur la droite, dans une barre latérale un peu étroite. Du coup, on scrolle, on scrolle… Ca reste organisé avec intelligence, et tout est accessible en trois clics, mais je pense qu’une fenêtre dédiée serait la bienvenue - quitte à en laisser le choix aux utilisateurs.

Deuxième défaut des préférences : pour y accéder, on clique dans le menu de démarrage (tout à gauche de l’écran) et on doit ensuite aller tout à droite avec la souris pour les modifier. Pas très convivial. La solution ? Un raccourci clavier, ou utiliser les coins actifs, mais je suis pas fan de ces derniers, qui se déclenchent toujours quand on n’en avait pas l’intention, et qui déroutent les utilisateurs occasionnels de l’ordinateur (c’est à dire ma femme).

Troisème défaut des préférences : elles partagent la barre latérale avec les notifications, qui deviennent difficile d’accès. Dans la version précédente, la météo squattait aussi la barre latérale - elle a depuis complètement disparu sans crier gare, d’ailleurs. De manière générale, on voit au fil des versions que Deepin ne sait pas comment faire évoluer sa fenêtre des paramètres. Mon avis est qu’isl devraient les sortir de la barre latérale et en faire une appli à part entière.

Enfin, sur le plan visuel, les curseurs de souris sont un peu disgracieux. Je les ai changés (en trois clics) pour utiliser ceux de Plasma, qui sont une vraie réussite.

Un mot sur la confidentialité : Certains articles disponibles sur le net affirment que Deepin est l’oeuvre de chinois maléfiques qui pistent les données à des fins politiques ou commerciales.

Ce qui est aujourd’hui avéré, c’est que la distribution Deepin Linux utilise l’équivalent chinois de Google Analytics dans sa boutique d’applications. Cet analyseur de statistique est utilisé par Deepin pour comprendre les attentes des utilisateurs et améliorer leur boutique. Il s’agit d’une entreprise controllée par le gouvernement Chinois.

Toutefois, cette boutique n’est pas disponible si on ne fait qu’installer l’environnement de bureau (Deepin Desktop Environment) sur une distribution Ubuntu ou Manjaro, par exemple, ce qui me semble être la meilleure idée.

Conclusion

Bref, en suivant les traces de Budgie qui a sorti les préférences de sa barre latérale Raven pour en faire une appli à part entière, Deepin deviendrait de facto l’environnement de bureau ultime, celui que vous pouvez installer chez maman sans qu’elle vous appelle tous les deux jours pour savoir comment cliquer, celui que vous pouvez installer dans les écoles sans que les ados ne disent “j’comprends rien à comment que c’est foutu, votre ordi”…

Deepin est peut-être le sauveur tant attendu de Linux sur le Desktop.